#15 Travailler avec les écosystèmes locaux

Ecosystème

Durée de l’épisode 00:30

Pour ce quinzième épisode, "100 Jours pour Réussir" fait le focus sur l’écosystème local sur lequel un porteur de projet en santé numérique peut se reposer.

00:00:00
Voix off: 100 jours pour réussir. C'est le podcast de G_NIUS, le Guichet national de l'innovation et des usages en e-santé. Autour de Lionel Reichardt, retrouvez les innovateurs de la e-santé et les experts incontournables pour vous aider à réussir dans vos projets.

00:00:20
Lionel Reichardt: Bonjour à tous! Vous écoutez « 100 jours pour réussir » le podcast à destination des innovateurs et entrepreneurs dans le numérique en santé, mais aussi de toute personne curieuse de ce domaine. Ce podcast est produit par G_NIUS, le Guichet national de l'innovation et des usages en e-santé. Dans cet épisode, nous parlerons de l'écosystème local sur lequel un porteur de projet en santé numérique peut se reposer. Pour ce faire, nous recevons Elisa Grimoin, cofondatrice et dirigeante de DEIGMA, une solution digitale de traçabilité des prélèvements sanguins, une solution qu'elle a développée dans sa région d'origine, la Normandie. Nous recevons également Gérald Comtet, directeur d'i-Care Lab, le Lab Santé de la région Auvergne Rhône-Alpes.

00:01:04
Lionel Reichardt: Elisa Grimoin, bonjour et merci d'avoir accepté de partager avec nous votre expérience. Pouvez-vous tout d'abord nous présenter votre formation et votre parcours ?

00:01:11
Elisa Grimoin: Donc, en effet, je suis originaire de Normandie et j'y ai fait toutes mes études. J'ai commencé par une licence et un master de biologie avec une spécialité en neurosciences et ensuite j'ai poursuivi. J'ai fait le trio jusqu'à la thèse où j'ai fait un doctorat en neurosciences et j'ai travaillé plus précisément sur le fonctionnement du système immunitaire cérébral et l'AVC et l'hypertension artérielle.

00:01:40
Lionel Reichardt: Vous avez créé l'entreprise DEIGMA en 2019. Quelle en est l’ambition ?

00:01:44
Elisa Grimoin: DEIGMA, une entreprise qui est spécialisée dans le secteur de la santé et s'intéresse particulièrement à la traçabilité des prélèvements sanguins. Quand je parle de prélèvement sanguin, on s'intéresse particulièrement aux prélèvements qui sont réalisés à l'extérieur du laboratoire, qui sont ensuite transportés jusqu'au laboratoire pour être analysés. Pourquoi est-ce qu'on s'intéresse à cela puisqu'ils sont plus soumis à la non-qualité par le transport de ces prélèvements. Et donc, notre ambition, c'est de pouvoir garantir la fiabilité du transport des prélèvements sanguins pour garantir la qualité des résultats rendus aux patients. Et pour cela, on a créé une plateforme IoT qui permet de faire la traçabilité de ces prélèvements sur plan paramètres différents. Cela va de la traçabilité des informations liées aux prélèvements. Par exemple, qui est le patient, la prescription, le numéro tube, par exemple. Mais ça s'intéresse aussi à la qualité du transport, par exemple, quelle est la température de l'environnement du tube pendant son transport ? Quels sont les délais de transport ? Qui sont les acteurs ? Et l'objectif, c'est de pouvoir garantir que les conditions sont rassemblées pour garantir le système de santé. Notre ambition, c'est bien sûr d'adresser le marché européen. D'abord, le marché français, puisqu’il est soumis en fait à une norme internationale, la norme ISO 15189, auquel les laboratoires de biologie médicale doivent se conformer pour garantir la qualité de la santé en France. Mais ça, c'est aussi valable à l'étranger, notamment en Europe, pour lequel il y a ce besoin de traçabilité des prélèvements sanguins.

00:03:33
Lionel Reichardt: Vous êtes originaire de Normandie et vous avez créé votre entreprise dans votre écosystème régional. Cela a commencé, je crois, par un Startup Weekend. Pouvez-vous nous raconter comment ça s'est passé ?

00:03:43
Elisa Grimoin: On était 11. En fait, j'ai proposé un projet et je trouve qu'il a été sélectionné, qu'on a monté une équipe et qu'on a planché sur le sujet pendant trois jours et que c'était vraiment exceptionnel. Ça m'a vraiment donné le goût de me dire, mais peut être que maintenant, je suis grande et peut être que maintenant, je peux monter ma boîte. Et dans le cadre de Startup Weekend, il y avait l'écosystème de l'innovation. Donc, Normandie Incubation était présent lors de ce Startup Weekend. Et puis, en discutant avec eux, ils m'ont parlé du programme Sterne. Le principe dix entrepreneurs qui arrivent avec un projet vraiment à l'étape d'idéation. Cela peut être vraiment le tout début du projet. Dix entrepreneurs de plein milieu différents sur des sujets très différents, qui se rencontrent une fois par semaine pendant trois mois avec un expert sur un sujet lié à l'entrepreneuriat. Le but, c'est en trois mois de pouvoir aborder tous les sujets liés à l'entrepreneuriat. Par exemple, le marketing digital, bien cibler ses clients, les financements ? Tous les sujets liés à l'entrepreneuriat. Et pour moi, c'était le format parfait parce que ne venait pas du tout de cet écosystème, ça me permettait de commencer à aborder tous ces points et de me faire aussi mes armes pour aller plus loin derrière. En arrivant à Sterne, je n'avais pas d'idée précise de quelle boîte, quelle entreprise j'avais envie de créer. J'avais envie de monter une boîte, mais finalement, il y a tellement de sujets qui sont passionnants et je suis sûr que je ne suis pas toute seule à être confrontée à cette problématique. Quels projets monter ? Pourquoi ce projet plutôt qu'un autre ? J'avais une longue liste qui allait de faire de la vulgarisation scientifique pour des patients à un projet pour voyager un peu dans tous les sens. J'ai pris un projet au hasard pour cette formation puisqu'il fallait déposer un dossier. Et puis je me suis lancé et j'ai été prise. Il se trouve que le premier intervenant de cette formation, c'est un entrepreneur aguerri avec plus de 30 ans d'expérience dans les technologies numériques et l'innovation, qui nous a fait une introduction à l'entrepreneuriat. Les questions à se poser est ce que vos proches sont impliqués, est ce que vos proches vous soutiennent ? Est-ce que vous voulez vous associer ? Quelles ressources financières vous avez pour avancer dans votre projet ? Toutes les questions de base un peu à se poser qui sont essentielles pour pouvoir avancer sereinement dans cette aventure. Et à la suite de cette première journée, je l'ai recontacté et je lui ai dit j'aimerais bien qu'on se voit parce que j'ai une problématique, j'ai plein d'idées, mais je ne sais pas quel projet monter. Il m'a reçu. On a passé une demi-journée ensemble à échanger sur les idées de projets que j'avais et il m'a dit qu'avec ses associés Frank et Nicolas, ils avaient une idée projet dans un tiroir qui était basé sur les technologies pour lesquelles il avait des expertises. Ils cherchaient quelqu'un qui avait les épaules, qui n'avait pas froid aux yeux pour se lancer dans une aventure, prendre un projet qui n'était pas à l'origine le mien. On s'est lancé dans cette aventure et c'est comme ça qu'on s'est associés et qu'on a créé DEIGMA. Pendant ces trois mois, j'ai pu travailler et avancer sur DEIGMA, de sorte qu'à la fin de ces trois mois, j'avais suffisamment de base pour permettre de candidater pour intégrer Normandie Incubation. Et de fait, j'ai pu intégrer Normandie Incubation et là, ça a été très intéressant pour nous puisque les bénéfices sont nombreux. Moi, j'ai pu bénéficier d'un accompagnement d'experts sur plein de sujets différents sur le marketing digital, la communication, les fameux sujets dont on a parlé tout à l'heure. J'ai pu bénéficier d'une avance remboursable de 20 000 euros, de locaux et d'un écosystème. Et ça, c'est vraiment très important puisqu'il y a les autres entrepreneurs de l'incubateur avec qui on peut échanger parce qu'on va être confronté aux mêmes problématiques. Et ça, c'est vraiment très important de ne pas se sentir seul. Il y a les anciens incubés, qui constituent aussi des mentors qui peuvent venir nous conseiller sur leur parcours de vie et du coup, le nôtre. J'ai pu aussi bénéficier de quelque chose qui m'a beaucoup aidé puisque à ce moment-là, j'étais au chômage et j'ai pu bénéficier de ce qu'on appelle une allocation jeune créateur d'un salaire de l'université pendant un an, puisque j'étais porteur de projet dans l'incubateur et que j'étais diplômé de moins de deux ans. Donc tout ça, ça m'a aidé à me construire et à construire DEIGMA. Normandie Incubation a duré un an et demi et à la fin de cette année, on avait une entreprise qui était créé, un site Internet, un MVP validé, des premiers partenariats. On avait participé à un salon et finalement, on a pu sortir de l'incubateur avec toutes les ressources nécessaires pour se lancer de façon pleinement indépendante. Ce qui a été très important aussi, c'est que Normandie Incubation était une porte d'entrée vers des structures d'accompagnement financières. Par exemple, on a dans l'écosystème normand, et notamment le Calvados, Initiative Calvados, qui nous a soutenu avec un prêt de 30 000, un prêt d'honneur de 30.000 euros, Bpifrance qui nous a soutenu avec la Bourse French Tech 30 000 euros aussi. Donc, ça permet de démarrer et de faire les premiers investissements, de pouvoir démarrer la commercialisation. Et quand on est au début ce type de projet, c'est vraiment très important. Si je parle de l'écosystème autour de nous, on s'est appuyé sur un laboratoire normand pour pouvoir commencer à avoir des échanges autour de notre produit et d'avoir des retours, pouvoir mettre en place des expérimentations, ce qui est vraiment très, très important quand on est encore au début d'un projet et construire un produit qui soit en adéquation parfaite avec le besoin du marché. Et la proximité géographique facilite énormément les rencontres. On peut aller au restaurant, on peut prendre un café. On peut créer des relations bien plus fortes qu'à distance, je pense.

00:10:13
Lionel Reichardt: On voit donc bien le rôle central qu'a joué Normandie Incubation. Mais il y a eu aussi la ville de Caen qui vous a permis de trouver vos locaux. Le pôle de compétitivité TES de Normandie, la French Tech Normandie également, l'initiative Calvados que vous avez évoqué, Normandie Santé, la BPI et son antenne locale. De nombreuses structures vous ont donc aidé. Quand on veut créer son projet, comment fait-on pour connaître les services et dispositifs disponibles autour de soi, pour savoir à qui s'adresser et surtout, pour comprendre qui fait quoi ?

00:10:43
Elisa Grimoin: Je pense que le meilleur moyen de prendre les bonnes informations, c'est de s'intéresser, c'est de parler, d'échanger, de communiquer, de bien s'entourer, d'être curieux, de ne pas avoir peur, d'être soi-même et de donner pour recevoir aussi et finalement, ça se fait assez facilement, ce qui est le plus difficile, c'est d'ouvrir la première porte. Une fois qu'on est dans l'écosystème de l'innovation, des Start-up de l'entrepreneuriat, à partir de là, finalement, il y a juste à tourner la tête, échanger avec son voisin et on aura forcément des indications et un échange intéressant. Et c'est comme ça qu'on va pouvoir identifier qui est BPI, les pôles de compétitivité. C'est important aussi de comprendre comment ces structures, au-delà de savoir qu'elles existent, savoir comment elles fonctionnent. Un pôle de compétitivité c'est une structure qui peut être stratégique pour une entreprise, mais c'est important de savoir comment la solliciter, quels sont les besoins de l'entreprise à un instant T pour pouvoir laisser les autres nous aider sur cette problématique. Si nous-mêmes on n'a pas conscience de cette problématique, si on ne l'identifie pas concrètement ou si on ne communique pas sur cette problématique, on ne se fera pas aider sur cette problématique. C'est vraiment important de bien s'entourer et de sentir confortable dans cet environnement qui devient le nôtre. Je pense que c'est important aussi de s'investir et de s'ouvrir vers d'autres sujets, de ne pas être focalisé uniquement sur son entreprise. Pour ma part, je me suis investie dans des conseils d'administration. Actuellement, on est en train de créer avec plusieurs entrepreneurs et avec notre écosystème local, avec un pôle de compétitivité avec la ville aussi, on est en train de créer un réseau HealthTech qui va servir à tous les entrepreneurs qui sont dans la santé. Et personnellement, moi, ça me forme. Ça me fait grandir, mais j'espère que ça aide aussi les autres. Et puis, c'est comme ça qu'on se structure. C'est comme ça qu'on apprend. C'est en faisant, en n'ayant pas peur et en étant soi-même, en étant content de faire ce qu'on fait, parce qu'on reste soi-même et parce que les autres vont apprécier qu'on soit nous-mêmes.

00:13:27
Lionel Reichardt: Pour conclure, Elisa Grimoin, quel conseil donneriez-vous à un innovateur en santé numérique qui aimerait bénéficier du meilleur de son écosystème local?

00:13:35
Elisa Grimoin: C'est important, évidemment, d'être passé la plus grande partie de son temps sur son produit, sur son marché, sur la commercialisation. Mais c'est important aussi de dédier du temps à son écosystème, à son environnement, à son réseau. C'est le meilleur moyen d'avoir les bonnes informations, d'avoir des retours d'expérience qui nous permettent d'aller beaucoup plus vite et beaucoup plus loin, de ne pas faire les mêmes erreurs que les autres. Donc, bien s'entourer, vraiment, ça, c'est important avec ses associés aussi et de ne pas être tout seul. De s'entourer d'autres entrepreneurs qui sont au même stade que nous. Et de s'investir dans son environnement pour apporter aussi des retours d'expérience, de l'expertise, de l'expérience aux autres. Parce que c'est normal que ça ne soit pas à sens unique. Je pourrais aussi ajouter que c'est la sincérité de notre curiosité qui permet de recueillir les bonnes informations et de bien s'entourer, de ne pas être seul et de prendre beaucoup de plaisir à ce qu'on fait. Parce que ça m'est arrivé de vouloir faire tellement bien les choses que j'étais concentré sur le fait de faire correctement les choses plutôt que du plaisir que j'avais à faire mon métier. En fait, je pense qu'on n'est jamais aussi bon que quand on fait les choses par plaisir, donc de toujours essayer de garder ça en tête.

00:15:05
Lionel Reichardt: Elisa Grimoin, Merci pour votre témoignage.

00:15:12
Lionel Reichardt: Vous vous poser des questions sur comment travailler avec votre écosystème local ? Eléments de réponse avec Gérald Comtet, directeur d’i-Care LAB, le Lab e-santé de la région Auvergne Rhône-Alpes. Gérald Comtet, bonjour. Pouvez-vous tout d'abord nous présenter votre formation et votre parcours ?

00:15:29
Gérald Comtet: En fait, je suis de formation scientifique à l'origine. J'ai d'abord fait de la physiologie, puis de la psychologie cognitive pour décrocher un diplôme d'ergonome, d'ergonome cognitif. C'est la première incursion dans le monde de la santé puisque l'ergonomie m'a amené à travailler dans un premier temps au contact de dispositifs numériques, de dispositifs robotisés, en l'occurrence dans le champ de la neurochirurgie. Et puis, progressivement, dans un environnement un peu particulier, je me suis intéressé à la télémédecine et à l'utilisation des technologies dites du digital pour apporter des services au plus près de la santé des forces armées françaises dans le service de santé des armées. Ça m'a amené, au début des années 2000, à explorer un peu les thématiques de la télémédecine, dans un rôle de mise en œuvre d'expérimentations, d'expériences terrain, au contact de l'innovation, de cette innovation numérique en santé qui était à ses balbutiements on pourrait dire. Et j'ai décidé à un moment donné de prendre un peu de recul par rapport à mes observations. En tout cas, mon investissement dans le champ de la télémédecine pour me concentrer un peu plus sur l'étude des processus d'innovation, en l'occurrence en lien avec l'Ecole des mines de Paris, pour comprendre au final, qu'est-ce qu'était un innovateur ? Comment innover ? Quelles étaient les organisations innovantes et celles qui ne l'étaient pas aussi ? Et progressivement, ça m'a amené à me questionner et à trouver un positionnement, un rôle dans le processus aujourd'hui de l'innovation en santé et plus particulièrement des technologies en santé. C'est vrai que ma position d'ergonome me facilite d'une certaine façon la tâche en ayant un regard aiguisé sur la technologie, mais aussi un regard sur l'usage, sur les usages que font les personnels de santé et les patients des technologies de santé qui sont aujourd'hui quasiment notre quotidien. On l'a encore vu dans la crise sanitaire récente.

00:17:40
Lionel Reichardt: Vous dirigez i-Care Lab. Pouvez-vous nous en présenter la genèse et les principales missions ?

00:17:46
Gérald Comtet: i-Care Lab c'est une initiative assez récente au final, qui a été prise sur le territoire Auvergne Rhône-Alpes, qui prend son origine dans une dynamique de type cluster puisque i-Care Lab Auvergne-Rhône-Alpes est né du cluster i-Care, qui a été lancé en début des années 2010 par la région Auvergne Rhône-Alpes. L'objectif initial de cluster i-Care, c'était d'apporter des services et des actions au bénéfice des acteurs industriels de la filière des tech santé : dispositif médical numérique pour la santé. Des actions qui s'apparentent à des actions de type pôles de compétitivité. Je sais qu'aujourd'hui, toutes les régions françaises sont dotées de pôles de compétitivité et de clusters qui apportent des services pour favoriser la compétitivité des entreprises. On a œuvré pendant une dizaine d'années au contact des entreprises pour apporter des services autour de l'innovation, le développement des entreprises, réglementaires, l'international et puis, d'un commun accord avec les partenaires locaux, les parties prenantes, comme on dit, de l'écosystème, fin 2020, on a décidé de faire pivoter l'initiative historique i-Care cluster en i-Care Lab, qui en fait reste une structure associative dans laquelle on retrouve à présent, en plus des industriels, des institutionnels. On a plusieurs institutionnels du territoire qui sont maintenant présents au conseil d'administration. Le pôle de compétitivité Lyonbiopôle, qui était notre homologue, on va dire sur les champs de la compétitivité des clusters historiques sur ce thème-là. Et puis surtout, des acteurs de santé. Quand je dis des acteurs de santé, ce sont des établissements. Ce sont aussi des communautés de territoires, les fameux CPTS, qui ont été mis en place récemment. En tout cas, la diversité des acteurs de santé, qu'il soit public, privé ou à but non lucratif du territoire. Le but i-Care Lab, c'est de jouer un rôle de réseau, d'interface, au contact des usagers du système de santé, des utilisateurs que sont les professionnels de santé en lien avec les entreprises et les pouvoirs publics qui sont représentés sur le territoire. On apporte globalement plusieurs services, des services tournés vers l'émergence de projets. C'est vrai que quand on a des idées dans le monde de la santé, que ça soit qu'on ait un patient ou un professeur de santé, voir quelqu'un d'autres extérieurs au système, on a du mal, quelquefois, à trouver des interlocuteurs pour challenger notre idée, pour l'accompagner. Et donc, on s'est fait une mission à travers des dispositifs de type hackathon, de type sprint créatif, de faciliter l'émergence d'idées, de nouvelles idées dans le but de faciliter la transformation du système de santé. On est sur une notion un peu plus organisationnelle de l'innovation technologique, même si la technologie arrive toujours à un moment donné. En l'occurrence, il y a souvent des solutions qui sont imaginées, en plus de transformations organisationnelles. Et puis, le deuxième volet, qui est celui du Lab Santé, c'est d'accompagner en tout cas de co-piloter des expérimentations. Alors, on se situe un peu à l'opposé de la problématique d'émergence, à l'autre bout du processus d'innovation. Ce sont les expérimentations qu'on met en œuvre quand on a déjà développé une solution et qu'on essaye de tester sa solution avec des utilisateurs, avec des usagers, avec l'écosystème et les parties prenantes. Et là, on est à l'œuvre sur plusieurs sujets. On l'a été par le passé avec un projet qui s'appelait « Territoires de soins numériques » où on a facilité les hybridations entre des entreprises d'un côté et des acteurs du territoire, des EHPAD et autres établissements de santé. Et puis, plus récemment, on a été à l'œuvre dans le cadre d'un article 51 qui est un dispositif soutenu par l'assurance maladie pour expérimenter des nouvelles organisations. Et donc, on a joué un rôle de co-pilotage dans un article 51 qui concerne l'immunothérapie au domicile avec le centre de référence, le Centre Léon Bérard de lutte contre le cancer.

00:22:08
Lionel Reichardt: Est-ce que c'est important, surtout dans le domaine de la santé, de travailler au niveau local?

00:22:12
Gérald Comtet: L'innovation en santé, c'est vrai qu'elle est complexe quelquefois à appréhender. Nous ce que l'on conseille en fait aux différents interlocuteurs qui viennent nous solliciter, que ce soit les entreprises ou des porteurs de projets. C'est d'abord d'explorer son environnement proche, son environnement territorial proche puisque, en l'occurrence, sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, on a une représentation assez diverse des problématiques de santé. Et à partir de ces différentes opportunités, on imagine clairement avec les gens qui nous sollicitent, les porteurs de projets, la capacité soit à venir challenger leurs solutions avec des interlocuteurs locaux ou alors d'aller les expérimenter. Et quand bien même aller déjà se projeter dans une autre région, que ça soit dans un autre pays, la facilité d'interagir qu'on favorise d'une certaine façon avec i-Care Lab, la facilité d'interroger des parties prenantes directement présentes sur le territoire, semble extrêmement intéressant puisque, outre le fait de la proximité géographique, on peut estimer que aujourd'hui, nous disposons aussi d'une certaine lecture des structures de santé qui sont en capacité de prendre du risque on pourrait dire dans le monde de l'innovation, puisque l'innovation c'est changer, c'est transformer et du coup, toute structure n'est pas obligatoirement organisée. Et en tout cas, pour pouvoir accueillir de façon pertinente toutes les propositions qui peuvent être faites par les porteurs de projets ou les entreprises. Ce rôle d'accompagnement de proximité se joue souvent au niveau du territoire ou en tout cas, c'est bien la vocation qu'on a à travers nos actions.

00:24:15
Lionel Reichardt: Un porteur de projets innovants en santé peut-il trouver tous les supports dont il a besoin au sein de son écosystème de proximité?

00:24:22
Gérald Comtet: Je pense que l'environnement d'un territoire ou d'une région, que la bonne maille, le niveau régional, permet globalement de passer les premières étapes, en tout cas la capacité à peut-être à trouver dans l'environnement industriel, dans l'environnement des laboratoires universitaires, les laboratoires de recherche et puis dans les établissements de santé ou également les représentants des patients, un écosystème favorable pour développer sa solution. Alors je dirais que l'agilité de l'entrepreneur, c'est aussi d'être en capacité, à un moment donné dans son développement, d'aller interagir avec le niveau national, puisque même si de façon très concrète, on trouve des interlocuteurs pour mettre en œuvre sa solution ou plus globalement, la codévelopper, il est important quand même, à des étapes clés et pas uniquement dans les dernières étapes, d'interagir avec le niveau national, avec les interlocuteurs qui sont en charge de la réglementation, par exemple, ou en tout cas de l'évaluation, pour être en capacité de ne pas faire d'erreur dans les choix qui peuvent être faits, en particulier dans le monde de la certification, dans l'environnement, de la réglementation des données de santé. Et donc, l'entrepreneur en tant que tel doit faire preuve d'agilité pour, d'une certaine façon, mobiliser son réseau local dans le but de codévelopper sa solution, voire éventuellement solliciter des acteurs extérieurs quand c'est nécessaire, en particulier dans le domaine de la technologie, des laboratoires d'excellence qui sont souvent présents en France ou en Europe. Et dès que c'est nécessaire. En tout cas, qu'ils arrivent à des points critiques de son développement, interagir avec les autorités nationales pour pouvoir être en capacité de prendre en compte un certain nombre de dimensions réglementaires ou normatives. Et puis également de s'ouvrir aussi progressivement sur son marché domestique puisque souvent, on demande, au moment des levées de fonds, par exemple, de maîtriser en l'occurrence son marché domestique. C'est comment on va pouvoir allier, le local et le national voir plus global.

00:26:50
Lionel Reichardt: Pour conclure, Gérald Comtet, quel conseil donneriez-vous à un innovateur en santé numérique qui voudrait travailler avec son écosystème local?

00:26:57
Gérald Comtet: Nous, localement, on voit passer beaucoup de projets. Moi, je dirais que l'un des conseils qu'on pourrait donner aux entrepreneurs, c'est dans un premier temps d'explorer son réseau. C'est vrai que le réseau, depuis une quinzaine d'années, sont extrêmement dense. On retrouve des pôles de compétitivité, des clusters, des entités qui représentent la French Tech, etc. Dans un premier temps, le premier conseil, c'est d'explorer pas méthodiquement, ne pas y passer trop de temps, mais explorer les principaux acteurs du territoire qui sont, je dirais, des nœuds de réseaux, d'interagir avec eux, de se faire son opinion d'une certaine façon, à travers les premières interactions, les premiers conseils, les premières orientations ou les premières actions qui sont proposées et, dans un second temps, de jouer avec ce réseau. Alors jouer ce n'est pas une subtilité de ma part, mais c'est une capacité à, d'une certaine façon, à identifier les compétences qui sont mises à disposition de l'entrepreneur. Et puis, d'essayer de donner des points de repères réguliers sur l'avancée du projet, puisque tous nos réseaux fonctionnent globalement sous des formats associatifs, à quelques exceptions près. Et c'est vrai que la capacité de pouvoir recueillir des informations, des conseils, des présences, d'appels à projets, etc., se passe souvent à partir du moment où on donne au réseau. Le réseau peut vous rendre à partir du moment où vous donnez de l'information. En l'occurrence, ici, on n’attend pas des secrets de fabrication, mais on attend d'une certaine façon des points de rendez-vous réguliers pour que les acteurs d'interface, l'intermédiation de l'innovation, nous puissions renvoyer de l'information, souvent personnalisée, pertinente en fonction de l'évolution du projet et d'assurer un maillage suffisamment intelligent pour que toute la connaissance qui est disponible dans nos écosystèmes, et bien l'entrepreneurs puissent en bénéficier. C'est comment on joue d'une certaine façon du réseau. Comment on l'explore et comment on va renvoyer de l'information dans le but aussi de pouvoir capitaliser et de pouvoir avancer, faire avancer son projet, passer à une étape supérieure après, maîtriser son marché national et potentiellement européen et mondial.

00:29:24
Lionel Reichardt: Merci beaucoup pour toutes ces informations et ce retour d'expérience. Notre épisode touche à sa fin. Merci de nous avoir écoutés. Nous remercions nos deux invités pour leur disponibilité. N'hésitez pas à vous abonner au podcast sur les plateformes d'écoute. Nous vous donnons rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode de 100 jours pour réussir.

00:29:50
Voix off: Celles et ceux qui font la e-santé d'aujourd'hui et de demain sont sur le podcast de G_NIUS et toutes les solutions pour réussir sont sur genius.esante.gouv.fr

Description

Avec Elisa Grimoin (DEIGMA) et Gérald Comtet (i-Care Lab)

Pour ce quinzième épisode, "100 Jours pour Réussir" fait le focus sur l’écosystème local sur lequel un porteur de projet en santé numérique peut se reposer.

Avec le témoignage d'Elisa Grimoin, cofondatrice et dirigeante de DEIGMA, une solution digitale de traçabilité des prélèvements sanguins, une solution développée dans sa région d’origine : la Normandie.

Nous recevons également Gérald Comtet, directeur d’i-Care Lab, le Lab santé de la région Auvergne Rhône-Alpes.