#07 - Setting up a trial within an institution

Innovation

Episode duration 00:25

For this seventh episode, "100 Days to Succeed" focuses on the implementation of trials within an institution.

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Voix Off: "Cent jours pour réussir", c'est le podcast de G_NIUS, le Guichet national de l'innovation et des usages en e-santé. Autour de Lionel Reichardt, retrouvez les innovateurs de la santé et les experts incontournables pour vous aider à réussir dans vos projets.

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Lionel Reichardt: Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Cent jours pour réussir, le podcast à destination des innovateurs et entrepreneurs dans le numérique en santé, mais aussi de toute personne curieuse de ce domaine. Ce podcast est produit par G_NIUS, le Guichet national de l'innovation et des usages en e-santé. Dans cet épisode, nous parlerons de la mise en place d'expérimentations au sein d'un établissement. Pour ce faire, nous recevons Louis Létinier, cofondateur et directeur médical de Synapse Medicine, une plateforme de medication intelligence qui permet à tous un accès facile à une information médicale fiable et actualisée sur l'ensemble des médicaments. Nous recevons également Antoine Pariente, professeur de pharmacologie et pharmaco épidémiologique de Bordeaux, responsable du Centre de pharmacovigilance de Bordeaux et directeur de l'équipe de recherche pharmaco épidémiologie, médicaments et santé des populations du centre de recherche Inserm U 1219 de Bordeaux Population Health.

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Lionel Reichardt: Louis Létinier bonjour et merci de partager votre expérience avec nous. Pouvez-vous tout d'abord nous présenter votre formation et votre parcours ?

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Louis Létinier: Bonjour. Merci beaucoup pour cette invitation. Je suis médecin pharmacologue spécialisé dans le médicament. Je suis co-fondateur et directeur médical d'une start-up qui s'appelle Synapse Medicine et avant cela, j'étais assistant hôpitalo-universitaire au CHU de Bordeaux.

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Lionel Reichardt: Vous avez co-fondé Synapse Medicine en 2017, pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?

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Louis Létinier: Oui, tout à fait. Donc Synapse Medicine c'est une start-up qui est issue d'une collaboration avec le CHU de Bordeaux, l'Inserm et l'Université de Bordeaux et qui a pour vocation à développer des solutions technologiques autour du bon usage du médicament. Que ce soit à destination des professionnels de santé ou des patients. Donc concrètement, c'est beaucoup de technologies autour de l'informatique et des maths appliquées. On peut parler d'intelligence artificielle si on veut. Mais la finalité, c'est vraiment d'aider le médecin à prescrire le pharmacien, à délivrer ses médicaments et le patient à prendre en charge sa santé et ses traitements.

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Lionel Reichardt: Vous avez donc dans votre ADN le partenariat avec des institutions de santé. En 2020, vous avez remporté un appel à projets lancé par le ministère des Solidarités et de la Santé avec le projet Prosyte, initié avec plusieurs établissements publics. Pouvez-vous nous en parler ?

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Louis Létinier: Prosyte ça rentre dans le cadre de ce qu'on appelle un PREPSS, un Programme de Recherche sur la Performance du Système des Soins. Ce sont des appels à projets du ministère de la Santé. Appels à projets nationaux qui ont pour intérêt de permettre des grosses collaborations et des financements intéressants. Pour ce projet-là, on avait monté un partenariat avec le CHU de Bordeaux, le CHU de Rennes et l'hôpital Georges Pompidou à Paris et donc la start-up Synapse Medicine. Donc, c'était une collaboration publique privée, vraiment on était dans cette démarche-là. L'objectif, c'est de développer un système qui permette de sécuriser les ordonnances de sortie des patients à l'hôpital puisque à l'hôpital, on sait à peu près ce qu'il se passe, en ville on sait aussi, mais souvent cette zone de transition, cette période où le patient sort de l'hôpital pour retourner en médecine de ville et en soins de ville, ça peut être une zone de flou, une zone à risque et donc Prosyte cible spécifiquement cette période de transition.

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Lionel Reichardt: Vous avez lancé d'autres projets, l'un est en cours, notamment avec l' ANSM, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament. De quoi s'agit-il ?

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Louis Létinier: Avec l' ANSM, on a mis en place ce qu'on appelle un marché public innovant. Donc c'est un dispositif qui est très intéressant puisqu'il permet de contractualiser des partenariats publics privés sans passer par la lourdeur et la complexité des appels d'offres classiques. Il faut savoir, ce sont des marchés publics qui sont capés à hauteur de cent mille euros hors taxes, donc ça reste pour des projets intéressants, mais avec une limite en terme de financement, par contre très souple. Pour ce projet l'idée, c'est d'aider le système de pharmacovigilance français. Concrètement, ça veut dire qu'aujourd'hui, lorsqu'un médicament est mis sur le marché, après les essais cliniques, après toutes les évaluations qui ont été faites en amont, on donne ce médicament à la population. Mais on continue à le surveiller. Et cette surveillance est faite par des professionnels de santé, des pharmacologues qui travaillent au niveau régional dans ce qu'on appelle des centres régionaux de pharmacovigilance. Et ces gens-là ont un travail qui est très important et essentiel, mais qui est très chronophage et qui peut être très lourd lorsqu'un nouveau médicament comme un vaccin avec potentiellement beaucoup de déclarations d'effets indésirables de la part des patients, toutes ces déclarations doivent être traitées manuellement, une par une. Et là, nous, on intervient, on propose une technologie qui va aider ces professionnels de santé à trier ces cas, trier ces nombreux cas, les prioriser. Avoir une pré-analyse, on ne les remplace pas du tout, on les aide. Et tout cela dans le but de favoriser, de renforcer la surveillance des vaccins. COVID-19, ce dispositif doit être prêt pour le mois de Janvier prochain. C'est un gros sujet chez nous actuellement.

00:05:14
Lionel Reichardt: On le voit, il y a beaucoup de projets pour Synapse Medicine, des expérimentations avec des établissements publics. Qu'attendez-vous de ces expérimentations et de ces partenariats ?

00:05:24
Voix Off: Ces expérimentations et ces partenariats publics privés, ils ont deux grands types d'avantages à mes yeux. Le premier est technique et scientifique. C'est que ça permet de mettre en commun le savoir-faire qui est propre aux deux mondes. D'un côté, quand on travaille avec un CHU on a un apport évident de l'expertise métier de terrain, là on a des médecins aguerris, on a toute une équipe de bio statisticiens, d'épidémiologistes. Mais de l'autre, la start-up elle peut amener ses compétences technologiques spécifiques. Elle va avoir des data scientists, des petits geek de génie, etc. Il y a une forte osmose qui peut se créer. Et ensuite le deuxième avantage, je pense qu'il faut complètement l'assumer et même le mettre en avant. C'est en termes d'image de notoriété puisque afficher une telle collaboration, ça permet quand même à l'entreprise de bénéficier de la légitimité et de l'aura du partenaire public. C'est quand même intéressant de dire on travaille avec ce CHU, on travaille avec cette instance, tout de suite ça crédibilise et ça rend sérieux. Mais à l'inverse, le public lui aussi peut bénéficier d'une certaine image, notamment innovante et moderne. Et donc, c'est vraiment un partenariat win win qui est assez évident à mes yeux.

00:06:37
Lionel Reichardt: Quels sont les points forts et points faibles des acteurs dans ce type d'expérimentations et de partenariats ?

00:06:42
Louis Létinier: Je me place vraiment à l'échelle start-up petite entreprise. Le point fort ça va souvent être l'agilité. Parce que voilà, on a peu de contraintes, en tout cas, en termes d'organisation, on peut attirer des profils variés, souvent dynamiques, attirés par des challenges, etc. En revanche, on a moins de maturité on n'est pas toujours bien structuré sur tous les domaines, on n'a pas toutes les expertises en interne et en fait, ce qui est amusant, c'est qu'on a vraiment un miroir parce que côté public, c'est exactement l'inverse. La difficulté, ça va être quoi ? Ça va être la lourdeur administrative, organisationnelle, toutes les strates, le temps entre une prise de décision et un passage à l'acte, il peut y avoir une succession de réunions et de décisions et d'intermédiaires. Ça peut être très long. Par contre, en revanche, on est sur quelque chose d'expérimenté et de bien assis, avec des structures multiples, une expérience terrain, une expérience pratique. Voilà donc c'est assez amusant de voir qu'on est vraiment sur deux modèles presque opposés, mais qui en fait sont très complémentaires.

00:07:52
Lionel Reichardt: Quand l'expérimentation se met en place, quel cadre lui donner en terme contractuel et juridique, en terme de financement pour l'accès aux données médicales ?

00:08:00
Louis Létinier: C'est un vrai sujet parce que les partenariats publics privés se développent en France et ce n'est pas nouveau mais on sent bien qu'il y a une dynamique, ça se met en place de plus en plus. Moi, un systeme que j'utilise, qu'on utilise et que je préconise qui est bien c'est le système d'accord cadre, c'est-à-dire qu'on va faire un premier contrat généraliste entre la structure privée et la structure publique. Ce contrat, qui peut avoir un certain formalisme mais il est surtout là pour dire les deux entités s'engagent à travailler ensemble, à respecter des règles, des grands principes, etc. Et une fois qu'on a signé cet accord cadre, après et pour chaque projet dédié, on va faire un amendement et on va rédiger un contrat propre. L'intérêt, c'est vraiment d'amener de la souplesse, de la réactivité et de ne pas repasser à chaque fois qu'on fait une expérimentation avec une structure de repasser par un processus d'un an de signature de contrats. Donc, c'est vraiment un modèle, on l'a pas inventé, on n'est pas les premiers à le faire, mais nous, on aime bien le faire et on a déjà passé plusieurs accords cadres aujourd'hui et c'est vraiment un modèle que je trouve intéressant.

00:08:58
Louis Létinier: Sur la partie financement, comme je le disais, il y a un dispositif qui peut être intéressant dans certains cas, c'est le marché public innovant. Donc je vais me répéter, mais c'est intéressant comme donnée, c'est limité à cent mille euros hors taxes. L'intérêt, c'est que c'est très rapide, très souple. Sinon, bien entendu, on a toujours la possibilité de passer par un appel d'offres et un marché public. Après, ce qui peut être intéressant, c'est les appels d'offres recherchent, ça il y en a beaucoup, il y en a énormément. Je pense que personne ne les connaît tous. Ce qui est important, c'est de se tenir à jour, de s'informer en fonction de son domaine. Par exemple, dans la santé, il y a énormément d'appels d'offres du ministère de la Santé, il y a des appels d'offres européens aussi, qui peuvent être très intéressants parce que sur des montants beaucoup plus importants et donc il ne faut pas hésiter à faire de la veille là-dessus. Et surtout, il faut pas hésiter à tenter sa chance. Les appels d'offres, c'est un peu comme un concours, vous en tentez dix et il y en a un ou deux qui passent. Et c'est comme ça que ça marche, mais c'est très bien.

00:09:54
Lionel Reichardt: L'accès aux données, c'est le contrat cadre qui définit les aspects éthiques ?

00:09:58
Louis Létinier: Alors c'est vrai que les données en plus, quand on parle de santé, c'est un sujet sensible et particulièrement d'actualité. Ça se fait en deux temps. On va dire l'accord cadre déjà il pose un cadre, comme son nom l'indique. Donc déjà, on a une bonne idée de ce qu'on peut faire et surtout, ce qu'on ne doit pas faire. Mais après, ça reste projet par projet parce qu'en fonction de votre thématique et des données utilisées, vous allez être sur des données sensibles, vous allez être sur des données nominatives et à chaque fois que vous montez d'un cran, vous allez devoir renforcer vos exigences. Ce qui est important, c'est d'être intransigeant là-dessus, évidemment. Souvent, ce qu'il se passe, pas toujours le cas, mais souvent, ce qu'il se passe, c'est que les données doivent rester là où elles sont produites. Donc en principe en pratique, lorsqu'on travaille par exemple avec un hôpital souvent ce qu'il va se passer, c'est que c'est plutôt les data scientists ou les ingénieurs de la start-up qui vont se déplacer à l'hôpital. On va plutôt faire bouger les hommes que les données. Quand on peut faire ça c'est quand même beaucoup plus simple au niveau réglementaire.

00:10:57
Lionel Reichardt: Est-ce important d'avoir un porteur de projet ? Doit-il faire partie de la start-up ou de l'établissement de santé ? Comment ça se passe ?

00:11:03
Louis Létinier: Effectivement, avoir un porteur de projet, c'est indispensable, tout simplement parce que cette coordination public privé, elle a des avantages et des inconvénients mais surtout, elle n'est pas toujours au naturel. On parle de deux mondes qui sont quand même différents et qui ont surtout un espace-temps différent. La structure publique importante ancienne, elle ne vit pas du tout dans le même référentiel temps que la start up dynamique. Et pour mettre en coordination et pour articuler ces deux mondes, il faut un chef d'orchestre, il faut quelqu'un de dédié à ça. Donc on a besoin d'un chef de projet qui soit vraiment consacré focus sur cette collaboration, tout simplement pour permettre aux équipes des deux entités de se comprendre, de travailler ensemble et d'être dans des timing raisonnables. Quand vous avez quelqu'un qui veut travailler en une semaine et l'autre en six mois, c'est pas possible. Moi, ce que je dirai, c'est que le plus naturel, à mon avis, c'est que le porteur de projet soit coté côté start-up côté privé, ça va plus correspondre au genre de profil qu'on trouve dans ces entités. Mais on peut imaginer le fonctionnement inverse. Ça me paraît pas impossible.

00:12:05
Lionel Reichardt: Comment fait-on pour mobiliser des médecins qui sont souvent surchargés ? Comment les inclure dans ce type de projet ?

00:12:10
Louis Létinier: C'est vrai que, je vais répondre avec ma vision, mais elle est peut-être biaisée parce que je suis moi-même médecin. Moi, ce que je pense le plus important, c'est que l'entrepreneur, la boîte privée, elle, doit attaquer par le terrain, elle doit attaquer par les firmes de santé ou par les gens du métier. Je pense que ce qui peut être une erreur, ce qui peut être dangereux, c'est de passer par au-dessus, de se dire "Moi j'ai des contacts, il y a des investisseurs, via ma renommée je peux aller voir la direction de l'hôpital, je peux aller voir des responsables." Ça, ça me semble compliqué en terme d'accès, d'acceptabilité. Les médecins vnt dire "C'est quoi cette histoire ? J'ai mon travail, j'ai mes patients." Par contre, si vous allez voir le médecin, vous allez voir le pharmacien vous lui dites "Ecoutez, j'ai un produit qui, je pense, peut vous intéresser, peut vous aider dans la pratique, est-ce qu'on peut l'évaluer ensemble ? Est-ce que vous voulez faire de la recherche clinique ensemble ?" Là, il y a beaucoup plus de chances que ça marche.

00:12:59
Lionel Reichardt: Pour conclure, quel conseil donneriez-vous à un porteur de projet qui voudrait lancer une expérimentation avec un établissement de santé ?

00:13:06
Louis Létinier: Alors oui, il y a plusieurs conseils que je préconise, après chacun est libre de les suivre ou non. Je pense que déjà, ce qui est important, c'est de se poser la question et d'être honnête avec soi même, est-ce que je dispose de l'expérience terrain en interne ? Est-ce que je connais mon sujet ? Ou est-ce qu'il ne faut pas d'abord que ma première étape soit de discuter avec des professionnels du terrain ? De bien ficeler le projet ensemble, qu'il soit cohérent et ensuite, je m'attaque au partenariat. Il faut vraiment faire les choses dans le bon ordre. Avoir une idée sur un domaine qu'on maîtrise peu ou mal, c'est très risqué et c'est rarement la vraie bonne idée.

00:13:43
Louis Létinier: Donc ensuite, ce que je pense vraiment important, c'est de réfléchir aux modes de financement comme on a discuté tout à l'heure, il y a des possibilités de financement, mais ça reste compliqué. En France, le partenariat public privé, ça reste quelque chose d'un peu novateur, in petit peu, on va dire, inhabituel, en tout cas atypique. Ce qui veut dire que le financement, il n'est pas simple. Il ne faut pas se dire les CHU, ils ont plein d'argent, les institutions, c'est l'Etat et ils ont plein d'argent, ça va être facile. Non, non. Ces modes de financement- là, il faut les y réfléchir en amont. Il faut étudier les appels à projets, il faut étudier les possibilités et surtout, il faut en parler dès le début. Ils faut en parler des début, être transparent. Est-ce qu'on demande de l'argent ? Est-ce qu'on demande des moyens humains ? Est-ce qu'on demande juste une légitimité ou une aura une image ? En tout cas, il faut bien se poser ces questions dès le début.

00:14:37
Louis Létinier: Ensuite, on en a parlé, mais c'est vraiment indispensable d'avoir un chef de projet dédié. Vraiment bon là, je reviens là-dessus parce que de mon expérience et des premiers partenariats qu'on avait fait, on n'avait pas forcément quelqu'un de disponible à cent pourcent sur cette tâche-là. Ça a pu créer des difficultés. Donc vraiment, c'est pas du luxe d'avoir quelqu'un qui soit en charge de cette coordination. Et enfin, je pense que l'essentiel le plus important pour que ça se passe bien, parce qu' évidemment, la plupart du temps, ça va bien se passer mais on n'est pas à l'abri, c'est d'être transparent. Faut être transparent sur les objectifs. Je pense que n'importe quelle structure publique peut comprendre que vous venez les voir pour leurs données, que vous venez les voir pour leur expérience, pour leur expertise, pour leurs professionnels de santé, pour leur image. Peu importe votre raison. Mais ce qui est important, c'est de jouer le jeu et aussi de se mettre d'accord sur la stratégie de communication. Ça aussi, c'est quelque chose de fondamental. On ne communique pas du tout de la même façon quand on est une boîte privée, quand on est un partenaire public. Et donc, dès le début, il faut se mettre d'accord, est-ce qu'on fait des communiqués de presse commun ? Comment on les fait ? Qu'est-ce qu'on raconte ? Qu'est-ce qu'on a le droit de dire ou pas ? Ça aussi, c'est anticiper ces questions-là ça peut éviter des gros gros désaccords.

00:15:52
Lionel Reichardt: Louis Létinier, merci de ce retour d'expérience. Vous vous posez des questions sur la mise en place d'expérimentations au sein d'établissements publics ? Eléments de réponse avec Antoine Pariente, professeur de pharmacologie pharmaco épidémiologie de Bordeaux, responsable du Centre de pharmacovigilance de Bordeaux et directeur de l'équipe de recherche pharmaco épidémiologie, médicaments et santé des populations du centre de recherche Inserm U 1219 de Bordeaux Poplation Health. Antoine Pariente, bonjour, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

00:16:26
Antoine Pariente: Bonjour. J'ai un parcours qui est assez classique. Je suis de formation médicale. J'ai fait une spécialisation en santé publique, donc épidémiologie, l'étude de la santé des populations et dans cette spécialisation je me suis intéressé très rapidement aux médicaments, via la pharmacovigilance d'abord, puis après via la pharmaco épidémiologie, avec du coup un parcours de recherche dans ces deux disciplines.

00:16:49
Lionel Reichardt: Vous intervenez au sein de plusieurs organismes publics. Quelle place l'expérimentation a t-elle dans vos projets ? Est-ce que c'est de la recherche ?

00:16:56
Antoine Pariente: Alors, ça dépend ce qu'on entend par expérimentation. Mais l'expérimentation, oui, c'est logiquement toujours de la recherche. On expérimente pas sur le patient dans un contexte de soins normal. L'expérimentation dans le contexte de la recherche, pour celle que moi je conduis, ça consiste à trouver des méthodes innovantes ou au contraire, utiliser des méthodes éprouvées pour évaluer l'intérêt, l'efficacité et la sécurité des médicaments en situation réelle de soins.

00:17:22
Lionel Reichardt: Quand on parle d'innovation technologique au sein de l'expérimentation, les mêmes prérequis et les mêmes problématiques que dans la recherche se posent-ils ?

00:17:30
Antoine Pariente: C'est un élargissement des problématiques qu'on avait déjà dans le domaine de l'évaluation du médicament en situation réelle de soins en population générale, globalement. Il y a eu plusieurs étapes ou plusieurs générations d'études et de modalités ou de techniques de recherche. Celle qui a été la plus importante globalement au cours des vingt dernières années, c'est celle qui consistait à utiliser des très grandes bases de données de santé, mais qui étaient des bases de données très structurés de type assurance maladie ou bases de données hospitalières, et de les utiliser à partir d'hypothèses que l'on avait généré à priori sur la connaissance qu'on a. La digitalisation, quelque part, de notre environnement conduit à avoir d'autres sources de données qui peuvent aussi contribuer à cette évaluation. Les données y sont beaucoup plus hétérogènes, beaucoup plus vastes, peuvent venir des patients de tout un chacun de nous quand on n'est pas un ni patient ni médecin, mais qu'on donne juste notre avis. Et c'est aussi des données qu'on peut vouloir intégrer dans nos évaluations. Et pour le coup, les techniques traditionnelles qu'on mettait en place sont pas adaptées. Il faut en trouver d'autres et il faut trouver d'autres médias.

00:18:36
Lionel Reichardt: Pourquoi est-ce important de favoriser les expérimentations au sein d'un établissement public ?

00:18:41
Antoine Pariente: Pourquoi c'est important ? Je dirais que pour un établissement hospitalo-universitaire, donc un établissement de soins qui est adossé à une structure d'enseignement et de recherche comme une université, ça fait partie de la mission. C'est obligatoire de chercher en permanence à innover et à trouver de nouvelles méthodes pour améliorer la prise en charge des patients et l'efficience des soignants d'un autre côté, donc c'est absolument obligatoire et dans ce contexte, la recherche qui est effectuée dans les laboratoires de recherche et puis quand, comment dire ? Quand l'expertise qui existe dans ces laboratoires peut trouver des compléments intéressants en terme de compétences dans le secteur innovant qu'il y a en dehors des institutions publiques, il faut savoir aller la rechercher et c'est ce qu'on essaye de faire.

00:19:31
Lionel Reichardt: Dans ces expérimentations, qu'apporte le secteur privé ? Qu'apporte le secteur public ? Quelles sont leurs forces et faiblesses respectives ?

00:19:37
Antoine Pariente: Forces et faiblesses de chacun, ça c'est peut-être long à dire, mais en tout cas, ce que chacun apporte, ça c'est plus simple. Sur ce qu'apporte le public, en particulier pour un établissement de soins d'un côté, et puis un établissement académique de recherche et d'enseignement de l'autre, c'est forcément l'expertise métier, à la fois sur la prise en charge des patients et puis aussi une certaine connaissance des données et du contexte des maladies, de contexte de l'utilisation du traitement, bref, de tout ce qui fait la connaissance de l'objet de recherche, quelque part. Il y a aussi une connaissance très importante des méthodes traditionnelles d'évaluation et une connaissance de ce qu'il manque dans ces méthodes d'évaluation pour aller plus loin, et c'est là que les acteurs privés, qui sont également des acteurs de l'innovation avec lesquels on peut collaborer, ont un rôle à jouer, ils ont une autre méthode de développement d'approches, qui n'est pas forcément sur un temps qui est le temps de celui de la recherche, avec une autre capacité à attirer des talents qui n'est pas toujours, malheureusement, celui de l'hôpital ou de l'université. Ensemble du coup, on peut très bien mettre à profit les je dirais plus les forces de chacun pour qu'il n'y ait plus de faiblesses.

00:20:44
Lionel Reichardt: Qu'est-ce que ça apporte à des start-up d'expérimenter avec une institution publique ?

00:20:48
Antoine Pariente: Dans le contexte particulier de la collaboration que nous on a, la start-up ça lui permet de vérifier que les outils qu'elle développe sont valides. C'est vraiment quelque chose de très important. Il y a une question qui est toujours la même chose en terme de recherche ou d'innovation. On peut imaginer plein de choses. Et puis après, parfois ça marche, parfois ça ne marche pas. Ici de pouvoir disposer d'une part de l'expertise hospitalière et universitaire et d'autre part d'un ensemble de jeux de données pour valider finalement le fait que l'outil est bien censé rendre le service pour lequel il a été imaginé, c'est forcément fondamental et c'est une valeur ajoutée qui est extrêmement importante je pense, pour la start-up.

00:21:26
Lionel Reichardt: Quelle est la porte d'entrée pour une start-up ? A qui doit-elle s'adresser ? Aux directeurs d'établissements ? Est-ce qu'il y a des formulaires à remplir qui sont accessibles sur un site Internet ?

00:21:35
Antoine Pariente: Evidemment, il y a surtout des sites, des hôpitaux ou sur tous les sites, des structures de soins, il y a un onglet spécial start-up. Malheureusement non, ce n'est pas le cas, mais je pense même que ce serait de toute manière pas la manière efficace de procéder. La manière efficace de procéder comme dans toutes les situations finalement, on recherche des collaborations et je pense que c'est exactement la même chose qu'une start-up souhaite s'adresser à une institution publique ou à une autre, c'est d'identifier les équipes qui travaillent dans son domaine et de s'adresser du coup au responsable de ses équipes, ou alors aux chercheurs qui ont déjà travaillé sur la question. C'est exactement la démarche que je conseillerais à toutes les start-up qui souhaitent se lancer dans le secteur de la santé. La recherche en santé existe depuis longtemps. Il y a des acteurs experts qui sont très bien identifiés. C'est eux qu'il faut contacter en premier lieu.

00:22:19
Lionel Reichardt: Quelle place ont les hackathons ? Est-ce une bonne manière de nouer des partenariats ?

00:22:23
Antoine Pariente: Les hackathons, des challenges ou des compétitions dans lesquelles on demande à des innovateurs, à des start-up ou à des équipes qui se constituent exprès de faire des propositions pour pouvoir répondre à un défi de santé et un défi d'utilisation des données de santé, en particulier dans le secteur qui me concerne. C'est effectivement un très bon moyen pour ces équipes d'innovateurs, d'une part, de se constituer et de se mettre ensemble puisque le hackathon, c'est souvent l'occasion aussi de rencontrer d'autres acteurs et de monter un projet avec eux. Et puis, après de se servir de ce qui a pu être développé dans ce hackathon et éventuellement être récompensé comme d'une carte de visite pour dire "Voilà, c'est ça nos objectifs, voilà comment on travaille. Voilà ce qui nous intéresse. Voilà la collaboration qu'on a déjà pu mettre en place et comment elle a été primée ou montrée. " Puis montrer son intérêt et de s'appuyer là-dessus pour développer d'autres partenariats.

00:23:11
Lionel Reichardt: Dans ce type d'expérimentation public privé, la gestion de projets est-elle la clé ?

00:23:16
Antoine Pariente: Les impératifs de l'avancée de la recherche pour l'hôpital et pour l'université rejoignent les impératifs de la progression du développement pour la start-up. La start-up a besoin que les choses avancent vite. L'hôpital et l'université sont ravis quand les choses avancent vite. Donc effectivement, il faut une gestion de projet qui soit très efficace. Il peut y avoir des lenteurs au démarrage parce que l'institution n'est pas toujours à l'aise avec la mise en place des contrats de collaboration, la start-up c'est quand même pas l'interlocuteur privilégié jusqu'ici ou l'interlocuteur historique des universités ou des hôpitaux. Donc il peut y avoir une phase de rapprochement, de connaissance ou de présentation qui est parfois un peu longue mais après, il faut s'assurer que, autant d'un côté que de l'autre, une fois que le projet est lancé, il y a plus de freins et que les choses peuvent se poursuivre le plus rapidement possible. Tout simplement parce que des projets aussi ont leur durée de vie, que l'obtention des tranches de financement est conditionnée par des avancées et que la start-up a, comme je le disais, ses impératifs a elle aussi.

00:24:10
Lionel Reichardt: En résumé, professeur Pariente, quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur qui voudrait mener une expérimentation avec un établissement public ?

00:24:19
Antoine Pariente: Je ne sais pas si je devrais lui donner des conseils ou lui ont demandé déjà, sachant qu'il a un esprit d'entreprenariat que je n'ai pas. Je lui conseillerais d'agir d'abord très simplement. Et puis après justement, une fois qu'il aura identifié un contact hospitalier ou un contact universitaire avec lequel monter un projet sur la base de ce projet qui sera du coup étayé, développé et qui permettra de mettre en perspective les intentions et de la start-up et la volonté de développement pour améliorer la prise en charge des patients, d'aller voir les institutions pour voir quel cadre de collaboration il faut trouver autour de ce projet.

00:24:56
Lionel Reichardt: Notre épisode touche à sa fin. Merci de nous avoir écouté. Nous remercions nos deux invités pour leur disponibilité. N'hésitez pas à vous abonner au podcast sur les plateformes d'écoute. Nous vous donnons rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode de Cent jours pour réussir.

00:25:15
Voix Off: Celles et ceux qui font la e-santé d'aujourd'hui et de demain sont sur le podcast de G_NIUS et toutes les solutions pour réussir sont sur gnius.esante.gouv.fr.

 

Description

With Louis Létinier (Synapse Medicine) and Antoine Pariente (Centre de Pharmacovigilance de Bordeaux)

For this seventh episode, "100 Days to Succeed" focuses on the implementation of trials within an institution.

We're talking with Louis Létinier, co-founder and medical director of Synapse Medicine, a "medication intelligence" platform that allows everyone easy access to reliable and up-to-date medical information on all drugs.

We also welcome Antoine Pariente, Head of the Centre de Pharmacovigilance de Bordeaux, and director of the "Pharmaco-epidemiology, Medicines and Population Health" research team at Inserm Research Centre U1219, Bordeaux Population Health.