#12 - Travailler avec les laboratoires pharmaceutiques

Innovation

Durée de l’épisode 00:24

Pour ce douzième épisode, “100 Jours pour réussir” fait le focus sur la collaboration de start-up avec des entreprises du médicament.

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Voix Off: ''Cent jours pour réussir'', c'est le podcast de G_NIUS, le Guichet national de l'innovation et des usages en e-santé. Autour de Lionel Reichardt, retrouvez les innovateurs de la e-santé et les experts incontournables pour vous aider à réussir dans vos projets.

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Lionel Reichardt : Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast "Cent jours pour réussir" le podcast à destination des innovateurs et entrepreneurs dans le numérique en santé, mais aussi de toute personne curieuse de ce domaine. Ce podcast est produit par G_NIUS, le Guichet national de l'innovation et des usages en e-santé. Dans cet épisode nous parlerons de la collaboration avec les entreprises du médicament. Pour ce faire, nous recevons Maryne Cotty-Eslous, fondatrice et dirigeante de Lucine, une jeune entreprise innovante du domaine des thérapies digitales qui travaille sur la douleur chronique. Nous recevrons également Livia Darmon, chargée de mission numérique et données de santé au LEEM des entreprises du médicament. Marie Bonjour et merci de partager avec nous votre expérience. Pouvez-vous nous présenter votre formation et votre parcours ?

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Maryne Cotty-Eslous : Je suis une éternelle scientifique curieuse. J'ai commencé par droit et science politique. Ensuite, j'ai fait une sortie sur les sciences humaines et sociales, l'anthropologie, la sociologie, la psychologie, pour finir le nez dans les neurosciences et plus spécifiquement la neurophysiologie.

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Lionel Reichardt : Le projet du ciné est né en 2013. Vous avez fondé l'entreprise en 2017. Quelle en est l'ambition ?

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Maryne Cotty-Eslous : L'ambition de LUCINE, c'est de créer une thérapie numérique ou molécule digitale capable de mesurer et de soulager la douleur d'un patient souffrant de douleurs chroniques et si possible, de manière aussi efficace qu'un médicament classique.

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Lionel Reichardt : Où en êtes-vous aujourd'hui ?

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Maryne Cotty-Eslous : Aujourd'hui, on a commencé, on était trois. Aujourd'hui, on est 40. On a commencé à zéro euro. Aujourd'hui, on a fait un peu plus de 2 millions d'euros de chiffre d'affaires. On a réussi à convaincre plusieurs actionnaires de nous suivre en série parricides pour un montant d'investissement de 5.5 millions, qui est une des plus gros montants de ces dix dernières années sur notre secteur d'activité. Je suis très fière de cet investissement parce qu'il est 100% Français, ça c'est la première chose et il est paritaire. Il y a autant de femmes investisseuses que d'hommes investisseurs.

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Lionel Reichardt : Quel regard portez-vous sur les entreprises du médicament ? Est-ce que ce sont des concurrents, des partenaires ? Comment vous êtes-vous positionner par rapport à elle ?

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Maryne Cotty-Eslous : Comme des partenaires, comme des structures qui, déjà, nous inspirent. Parce que dès l'origine de LUCINE, nous avions vocation à devenir nous aussi laboratoires pharmaceutiques numériques, donc comme des partenaires inspirants, comme des partenaires constructeurs. Car on sait aujourd'hui, les laboratoires pharmaceutiques sont des piliers de l'innovation thérapeutique en santé. Donc, on ne peut pas faire sans eux.

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Maryne Cotty-Eslous : Et comme je le dirai, des grands frères et des grandes sœurs très bienveillants qui nous ont dès 2016, accompagnés gracieusement. Et je donne cet exemple vraiment avec beaucoup de simplicité qui est Sanofi, qui sans prise de parts de participation, sans intérêt business, a choisi de nous accompagner pendant une durée de plus d'un an, aussi bien au niveau local, régional que national, et nous a permis de connaître ce que c'était que les laboratoires pharmaceutiques, leur fonctionnement, mais aussi de structurer en termes d'entreprise et de système de revenus.

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Lionel Reichardt : Comment avez-vous su vers quelle entreprise du médicament vous tourner ? Comment peut-on les approcher ?

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Maryne Cotty-Eslous : Bonne question. Comment on fait pour les rencontrer ? Parce que c'est des énormes structures et on se dit qu'on ne sait pas tellement à quelle porte frapper. Je dirais qu'il y a trois éléments. Le premier élément, c'est que quand on démarre, je pense qu'il faut s'appuyer sur son écosystème. Il faut pouvoir avoir des intermédiaires qui nous permettent d'avoir accès aux bonnes personnes. Nous, chez LUCINE, dès 2017, on a eu la BNP, par exemple, qui a été un fabuleux intermédiaire pour le groupe Ipsen et LUCINE.

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Maryne Cotty-Eslous : Je pense aussi qu'il faut assez rapidement que les entrepreneurs qui fondent des sociétés innovantes en santé et qui veulent collaborer avec des pharmas se positionnent aussi comme experts et soient visibles comme experts dans leur domaine. Et ça, ça passe par participer à des tables rondes en tant que, mais en tant que co-animateur ou comme expert afin de se faire identifier par les laboratoires pharmaceutiques.

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Maryne Cotty-Eslous : Et le troisième élément qui me semble important, c'est que quand vous avez un produit qui est fort, avec des données scientifiques et cliniques cohérentes et bien participer à des congrès pour présenter votre thérapie ou votre innovation. Et ce n'est pas vous qui taperez à la porte des pharmas, ce seront les pharmas qui vous appellerons.

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Lionel Reichardt : En quoi les entreprises du médicament peuvent elles vous accompagner, vous aider, ou vous soutenir dans l'innovation en santé numérique ? Est-ce que c'est dans le co-développement, dans le financement, dans la distribution ? Comment travaille-t-on avec ces entreprises ?

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Maryne Cotty-Eslous : Qu'est-ce que les pharmas peuvent faire pour nous ? Et j'aimerais aussi rajouter qu'est-ce que nous on peut faire pour elles ? Parce que pour moi, c'est vraiment quelque chose qui est basé sur l'échange si on veut que ça fonctionne. Les pharmas, elles peuvent nous aider dans nos phases 2 et dans nos phases 3 d'études cliniques. C'est leur métier. Elles ont fait ça pendant des dizaines d'années.

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Maryne Cotty-Eslous : Donc elles ont des vraies expertises en interne pour avoir une réflexion stratégique sur les protocoles et les typologies de données qu'il faut aller chercher. La deuxième chose, c'est qu'elles sont extrêmement douées pour tout ce qui va être stratégies réglementaires et ou remboursement. Alors sur les thérapies innovantes, sur des [inaudible] classiques, mais aussi, ne l'oublions pas, sur les dispositifs médicaux. La plupart ont des cellules DM au sein des pharmas.

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Maryne Cotty-Eslous : Le troisième élément, c'est qu'elles ont aussi une rigueur réglementaire par rapport à ce qu'on va appeler la compliance, qui regroupe trois grandes thématiques : Comment on parle à un patient, comment on parle à un professionnel de santé, comment on parle à un acteur public. Il y a des choses qu'on a droit de faire, et des choses qu'on n'a pas le droit de faire. Et les laboratoires pharmaceutiques ont effectivement su adapter leur marketing, leur communication avec ses structures, ses agents, en respectant le droit de la complaisance. Et c'est extrêmement compliqué.

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Maryne Cotty-Eslous : A l'inverse, qu'est-ce que nous pouvons faire pour elle ? Déjà, nous sommes des experts de nos thérapies. Je crois que c'est important de le dire. Et donc, si elles viennent vers nous, c'est qu'elles reconnaissent cette expertise et qu'elles l'attendent. Je pense que c'est le premier élément. Le deuxième élément, c'est que nous devons également avoir une connaissance de notre marché, de notre concurrence qui doit être parfaite, et on doit pouvoir effectivement leurs partager ces informations.

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Maryne Cotty-Eslous : Le troisième élément, c'est qu'il est de notre responsabilité d'arriver avec une réflexion autour des systèmes de revenu et de distribution de nos solutions. Ça, c'est un élément aussi qui me semble essentiel et sur lequel ces grandes structures sont en attente. Enfin, le dernier élément qui me semble important, c'est la communication. Il est de notre responsabilité de communiquer quand il y a des réussites avec ses partenaires et je crois qu'il y a une vraie attente de ses partenaires sur ces différents points.

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Lionel Reichardt : Comment faire pour ne pas se laisser enfermer dans le fait d'être la petite pépite qui donne un aspect sympathique et numérique à l'entreprise du médicament ?

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Maryne Cotty-Eslous : Il y a une première question pour moi qui est importante, c'est comment déjà, nous, on est crédible et légitime quand on est tout petit, qu'on va parler à une énorme structure en termes d'histoire, en termes de résultats et en termes de masse financière aussi. Il y a la question la crédibilité de plus petites entreprises.

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Maryne Cotty-Eslous : Ça, pour moi, ça passe par un travail lié à comprendre les codes de la pharma et de la santé. Et ça, c'est la responsabilité du CIO de l'entreprise. Ça passe par apporter des données scientifiques et médicales solides, alors des données de l'extérieur, c'est à dire de l'état de l'art, mais aussi des données de l'intérieur, c'est à dire des données issues d'un protocole exploratoire ou d'un protocole de phase.

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Maryne Cotty-Eslous : En je crois aussi, je l'ai dit, il faut pouvoir, pour être crédible et leader d'opinion dans son expertise, mais également, surtout au début, s'entourer de leaders d'opinion infaillibles aux yeux de ses structures, de professionnels de santé, de chercheurs qui vont effectivement pouvoir asseoir les débuts de données que vous offrez à ces structures comme gage de votre légitimité, de votre crédibilité. Et je pense aussi qu'il y a une question nous concernant, là encore de position.

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Maryne Cotty-Eslous : Je pense que quand on veut faire du business avec une structure pharma, il faut se comporter comme un partenaire business, c'est-à-dire non pas comme une start up, mais comme une jeune entreprise, mais avant tout une entreprise innovante. Et je crois qu'il y a une position vraiment à avoir qui est essentielle pour que ça fonctionne. Dans le prolongement, je crois qu'il y a quelque chose que j'aimerais beaucoup partager aujourd'hui sur comment ça peut fonctionner quand on est de telle culture et de tel univers, différents par la taille, par les éléments financiers.

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Maryne Cotty-Eslous : Je crois qu'il faut revenir à quels sont nos intérêts communs. Et pour moi, il y a trois grands intérêts communs qui font que la big pharma et les jeunes entreprises innovantes ont intérêt et peuvent travailler ensemble sur le long terme. Le premier intéressé les patients, ce qui fait aujourd'hui se lever un patron de pharma, même si on pourrait dire si on est mauvaise langue que c'est [inaudible] de sa société ou/et les marchés boursiers, c'est faux.

00:09:58
Maryne Cotty-Eslous : Je pense qu'il y a une autre élément qui est important, c'est le patient. Et je crois que quand on vient de sortir d'une crise comme le COVID, on n'en est pas encore totalement sorti en douter. Une jeune entreprise innovante, c'est exactement la même chose. On se réunit sur le fait de pouvoir proposer à des patients des solutions viables, solides, qui vont pouvoir répondre à un symptôme ou une maladie, qui vont du coup pouvoir prolonger leur espérance de vie ou améliorer leurs conditions de vie.

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Maryne Cotty-Eslous : Le deuxième intérêt commun qu'on a à travailler ensemble, c'est l'innovation. Je l'ai dit tout à l'heure. Les laboratoires pharmaceutiques sont des acteurs financiers, réglementaires et structurels de l'innovation en santé depuis toujours. Je pense qu'il en est de même pour le vivier de jeunes entreprises issues notamment du monde de la recherche, qui ont un milliard d'idées à la seconde et qui, effectivement, sont aussi promoteurs d'innovations thérapeutiques.

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Maryne Cotty-Eslous : Et là encore, je crois que la crise sanitaire que nous vivons aujourd'hui, quand on voit ce qui s'est passé sur les élaborations des vaccins, on ne peut pas douter du fait qu'un grand groupe et un groupe de recherche ont tout intérêt à travailler ensemble. C'est ce qu'on a vu avec le cas de Moderna, c'est ce qu'on a vu avec Oxford. Donc, je crois qu'il y a véritablement quelque chose aujourd'hui autour de l'innovation thérapeutique.

00:11:14
Maryne Cotty-Eslous : Et puis, le dernier élément, parce qu'il faut quand même pas oublier une chose, c'est quand on a un intérêt qui est celui du business. On est quand même là pour faire du cash parce que sinon on ne peut pas attendre nos deux éléments d'intérêt que j'ai essayé tout à l'heure, à savoir le patient et l'innovation. Et on a un intérêt à faire du business ensemble. Et ça, c'est important de le dire parce que il ne faut pas prendre les laboratoires pharmaceutiques pour des portefeuilles. On doit avoir une position, nous entreprises innovantes, jeunes entreprises innovantes de partenaires d'affaires.

00:11:44
Maryne Cotty-Eslous : Et donc, si on a une position de partenaire d'affaires, on est sur des intérêts convergents et donc on va effectivement avoir en face un financeur à qui on apporte un service. Et là, on n'est plus du tout sur le même rapport et on a tous les deux intérêt que ça fonctionne parce que si ça fonctionne, on est tous les deux gagnant d'un point de vue du cash. Et ça, je crois qu'il ne faut pas l'oublier pour que ça marche.

00:12:06
Lionel Reichardt : Le temps des entreprises du médicament est-il le même que celui des jeunes entreprises innovantes sur le plan financier et juridique, n'est-ce pas trop compliqué de travailler avec les entreprises du médicament ?

00:12:16
Maryne Cotty-Eslous : Là comme ça, sans réfléchir, je dis non, c'est pas très compliqué. Non, il n'y a pas de grosses problématiques juridiques incroyables ou financières incroyables. Et pour moi, le temps de la pharma est le temps de la santé. Les délais de remboursement, accessibilité marché, protocole d'études cliniques. Donc à partir du moment où on est sur le même marché que de la santé, mais on a les mêmes temporalités, en fait.

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Maryne Cotty-Eslous : Moi, quand je crée un BTX, il me faut entre six à dix ans exactement le même temps que pour un médicament. Donc, sur la temporalité, je dirais qu'on est aligné sur la réactivité. Là, effectivement, c'est un peu différent parce qu'il y a des strates de décision qu'un pharma va avoir et qu'une jeune entreprise, forcément de 40 personnes, ne va pas forcément avoir ça, c'est évident.

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Maryne Cotty-Eslous : C'est plus sur les réactivité de réponse. Mais honnêtement, la plupart des pharmas qui se mobilisent pour avoir de véritables partenariats business avec des plus petites sociétés ont réussi à apporter de l'agilité avec des structures internes plus autonomes d'un point de vue juridique et d'un point de vue financier, aujourd'hui, très clairement.

00:13:26
Maryne Cotty-Eslous : Donc ça a tendance à bouger et sur le juridique et sur le financier, très honnêtement, il faut se faire accompagner. Ça, c'est évident, comme ils le sont d'ailleurs. Aussi, on veut se faire accompagner par des conseils qui peuvent prendre cette position-là. Mais ce n'est pas insurmontable. Honnêtement, en toute transparence, c'est moins dur que lever des fonds. D'un point de vue juridique. Donc, voilà la plupart des start up et des jeunes entreprises, lèvent plusieurs fois fonds, donc si nous réussit ça, on réussit à faire du business.

00:13:56
Lionel Reichardt : Pour conclure, quel conseil donneriez-vous à un innovateur en santé numérique qui aimerait travailler avec une entreprise du médicament ?

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Maryne Cotty-Eslous : Premier conseil, identifier les besoins et les enjeux du pharma avec lequel on va travailler. Alors, ça paraît très simple. En fait, on le fait à partir du moment où on fait du business, du commercial, on le fait. On doit connaître les besoins et les enjeux du partenaire, du client avec lequel on va travailler. Mais on a tendance parfois à l'oublier quand on est face à d'énormes structures. Donc, c'est extrêmement important pour moi d'identifier leurs besoins et leurs enjeux.

00:14:28
Maryne Cotty-Eslous : Le deuxième élément, je l'ai dit, mais c'est comprendre les codes non pas du pharma, mais de la santé. Si on choisit d'être une jeune entreprise innovante qui veut faire du business dans la santé, il faut en embrasser les codes. D'un point de vue des données scientifiques et médicales, d'un point de vue de la rigueur, de la crédibilité, c'est essentiel. Sinon, il faut faire du bien être et c'est absolument pas grave. Mais il faut l'assumer si on choisit le secteur de la santé.

00:14:51
Maryne Cotty-Eslous : Le troisième élément pour moi, c'est qu'il y a un vrai travail de cartographie sur la maturité des laboratoires pharmaceutiques à vouloir créer des partenariats avec des entreprises qui font du numérique. Pour moi, aujourd'hui, il y a trois stades d'immaturité. Le premier stade c'est on ne peut pas passer à côté, faisons de la communication et du marketing sur le fait qu'on travaille avec des partenaires, des jeunes partenaires dans le numérique. C'est très viable. C'est très win win des deux côtés, très clairement. Il faut avoir conscience que si c'est que de la communication, ça ne sera jamais du business. Il faut bien identifier ça.

00:15:25
Maryne Cotty-Eslous : Le deuxième stade de maturité, c'est l'accompagnement. Il y a des entreprises ensuite, qui veulent aller plus loin et qui se disent encore on peut faire plus, on peut accompagner, Sanofi le fait, Pfizer le fait, par exemple. Et effectivement, il faut bien identifier les gens qui communiquent et accompagnent. Mais même chose qu'ils ne sont pas forcément une stratégie business. Et puis, enfin, il y a les derniers.

00:15:45
Maryne Cotty-Eslous : Et là, il y en a plein Sandoz, Novartis, Baillard, GSK ou SUCAF. Je peux y aller, il y en a beaucoup. C'est juste pour dire que ça bouge. Bayeusaine qui sont sur des stratégies de partenariats business, soit accompagnant, soit donnée, soit études cliniques, soit parfois pour certains en standalone. Et ça, il faut les identifier et en fonction du coût des objectifs de la structure de la jeune entreprise, il faut travailler avec les bons choix.

00:16:13
Maryne Cotty-Eslous : Et je terminerai par deux points qui me semble important, le premier point. Je crois que quand on est dans un business qui est en train de se créer, ce qui est le cas pour la santé numérique et ce qui est le cas en particulier pour mon secteur qui est le DTX et les thérapies numériques, je crois qu'il faut pas avoir d'appréhension à rassurer le futur partenaire.

00:16:40
Maryne Cotty-Eslous : Il faut avoir une position dans laquelle on rassure, on rassure par la donnée, on rassure encore une fois, je l'ai dit par des leaders d'opinion qui soutiennent votre projet. On rassure par la manière dont on présente les informations, on rassure par notre expertise et il faut aussi pas hésiter à rassurer je pense sur notre capacité financière. Il ne faut pas oublier encore une fois que même si vous avez un an, deux ans, trois ans d'existence, si un Pharma veut travailler avec vous, il n'a pas travaillé six mois avec vous.

00:17:14
Maryne Cotty-Eslous : Il va travailler un an, deux ans, trois ans, parfois même dix ans sur un projet. Et il ne faut pas sous-estimer le fait qu'on a un devoir. Là encore, c'est que si vous partez sur un contrat de co-développement à trois ans, il faut que vous puissiez montrer aux pharmas que vous êtes en capacité financièrement de tenir les trois ans. Et donc, on a, je pense, le dernier conseil, il est vraiment sur quand on est sur un marché en création, les chefs d'entreprise ont une responsabilité, c'est celui de rassurer leurs partenaires.

00:17:44
Maryne Cotty-Eslous : Et je crois que voilà, il faut, il ne faut pas l'oublier. Le dernier conseil que je pourrais donner, c'est et je vais me permettre de reprendre ça en terme de citation de quelqu'un que j'apprécie beaucoup, qui s'appelle Lionel et qui a dit quelque chose de très juste. Cher CIO, chers fondateurs, chers entrepreneurs, n'attendez pas des pharmas. Réalisez ce que vous pouvez faire et vous voyez dans tout ce que j'ai pu citer, il n'y a pas grand-chose que les Pharmas ont à faire, c'est à vous de travailler.

00:18:16
Lionel Reichardt : Maryne Cotty-Eslous Merci pour votre témoignage.

00:18:24
Lionel Reichardt : Vous vous posez des questions sur comment travailler avec une entreprise du médicament. Eléments de réponse avec Livia Darmon, chargé de mission numérique et données de santé au LEEM, les entreprises du médicament. Livia Darmon, bonjour. Pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre formation ?

00:18:38
Livia Darmon : Je suis ingénieur en santé numérique de formation. J'ai également complété mon cursus par un billet master d'administration des entreprises que j'ai obtenu à l'IAE de Paris Panthéon-Sorbonne. J'ai débuté ma carrière professionnelle dans le déploiement de systèmes d'information de santé, d'abord chez un éditeur de logiciels hospitalier, puis au GCSE Sézanne, qui agit un peu comme le bras droit de la RS Ile de France sur les projets de systèmes d'information de santé.

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Livia Darmon : Puis, juste avant le LEEM, je travaille à Medicen, le pôle de compétitivité santé d'Ile de France, où j'accompagnais déjà les innovateurs qui soient du milieu industriel, académique ou clinique dans leurs projets de santé numérique. Donc ça consistait à les accompagner dans la recherche de financements, de partenaires, la maturation de leurs cas d'usage ou leur modèle économique, par exemple.

00:19:21
Lionel Reichardt : Vous êtes donc chargé de mission numérique données de santé au LEEM. Qu'est-ce que le LEEM ? Quel est votre rôle ?

00:19:26
Livia Darmon : Alors, le LEEM pour les entreprises du médicament, c'est l'organisation professionnelle des entreprises du médicament opérant en France. Cela représente 260 entreprises adhérentes. On compte aujourd'hui 9 commissions, donc 6 commissions stratégiques et 3 commissions experts transverses, dont celle dédiée au numérique données et nouvelles technologies dont j'ai la charge en tant que chargée de mission numérique et données de santé.

00:19:49
Livia Darmon : Cette commission rassemble aujourd'hui près de 30 entreprises du médicament réunis autour de priorités stratégiques communes telles que renforcer le positionnement des entreprises du médicament dans l'écosystème de santé numérique, favoriser l'attractivité du territoire français dans ce domaine, participer également à la mise en place de plates formes de données de santé partagées en lien très étroit avec le data, bien sûr, et enfin, favoriser le développement de la culture digitale et des compétences au sein des entreprises de santé via la mise en place d'un projet d'académie du numérique en santé comporte au sein du LEEM, qui se veut être un véritable espace de développement des compétences et d'innovation dédié au secteur du numérique en santé.

00:20:27
Lionel Reichardt : Les entreprises du médicament, ce sont des acteurs qui intéressent beaucoup les innovateurs en santé, souvent pour des partenariats. Quelle est la place de ces entreprises du médicament dans l'univers du numérique en santé ?

00:20:39
Livia Darmon : Aujourd'hui, nos entreprises sont entrées dans ce qu'on appelle l'ère du [inaudible]. C'est une nouvelle stratégie qui consiste à proposer, au delà des traitements, des services digitaux associés destinés à améliorer la prise en charge des patients, le suivi et la coordination des soins, par exemple. Mais cette stratégie en a conscience au LEEM et globalement, chez toutes les entreprises du médicament qu'elle ne peut se faire sans le concours d'autres acteurs de l'écosystème.

00:21:03
Livia Darmon : C'est pourquoi nos entreprises multiplient aujourd'hui les partenariats, notamment avec des startup via trois modes, soit via des collaborations directes, soit au travers de programmes d'accompagnement mentoring qu'elles peuvent mettre en place à destination de ces start up. Soit. Troisième option via des structures tierces qui assurent un petit peu le go between entre tous ces acteurs, comme par exemple Digital Pharma Lab.

00:21:26
Livia Darmon : Ces stratégies partenariales permettent aux entreprises du médicament de bénéficier de la forte capacité d'innovation qu'ont les startup. Et en retour, ces startup bénéficient du réseau de l'expertise et du savoir faire des entreprises du médicament. Par exemple, en matière de circuit réglementaire, en matière de médicaments, de pathologie ou de connaissance des besoins des patients et des professionnels de santé, entre autres.

00:21:47
Lionel Reichardt : Concrètement, quand on est un innovateur en santé, comment fait-on pour travailler qu'une entreprise du médicament ?

00:21:53
Livia Darmon : Alors, je commencerai par un premier conseil qui est donc de commencer par cibler les entreprises du médicament qui travaillent sur des aires thérapeutiques et ou technologiques en adéquation avec votre projet. Par exemple, si votre projet consiste en une solution d'accompagnement des patients atteints de cancer, allez toquer à la porte des laboratoires qui travaillent dans ce champ.

00:22:11
Livia Darmon : Comme je le disais, il y a différentes manières d'approcher une entreprise du médicament. Je vous recommande d'en explorer plusieurs. Renseignez-vous aussi sur la façon dont le laboratoire identifié collabore généralement avec les start up. Est-ce que c'est via des structures tiers ? Il a ses propres programmes d'accompagnement, etc. Etc.

00:22:28
Livia Darmon : Ensuite, un autre conseil que je donnerais, c'est d'identifier clairement la place que peut occuper le laboratoire dans votre stratégie d'entreprise et dans votre modèle économique. Votre business model ne peut en aucun cas reposer que sur un soutien pharmaceutique. De même, vous devez être prêt à démarrer une démarche de co-construction avec le laboratoire, ce qui implique de libérer du temps pour les éventuelles sessions de workshop ou mentorat et d'être prêt également à prendre en considération les feed back du laboratoire sur les choix, par exemple, technique ou stratégique du projet.

00:23:00
Livia Darmon : Enfin, le dernier conseil que je pourrais donner, c'est dans votre pitch, montrez que vous avez réalisé un état de l'art approfondi de votre marché qui sont finalement vos concurrents ? Quels sont vos avantages compétitifs et quelles sont leurs barrières à l'entrée ? Le secteur de la e-santé, comme vous le savez, est extrêmement concurrentiel. Il faut donc pour pouvoir, en particulier pour une start up, prouver que votre solution est innovante et ne sera pas répliquer demain par un éventuel concurrent.

00:23:30
Lionel Reichardt : Notre épisode touche à sa fin. Merci de nous avoir écoutés. Nous remercions nos deux invités pour leur disponibilité. N'hésitez pas à vous abonner au podcast sur les plateformes d'écoute. Nous vous donnons rendez-vous très bientôt pour un nouvel épisode de ''Cent jours pour réussir''.

00:23:48
Voix Off: Celles et ceux qui font la santé d'aujourd'hui et de demain sont sur le podcast de G_NIUS et toutes les solutions pour réussir sont sur gnius.esante.gouv.fr

 

Description

Avec Maryne Cotty-Eslous (Lucine) et Livia Darmon (LEEM)

Pour ce douzième épisode, “100 Jours pour réussir” fait le focus sur la collaboration de start-up avec des entreprises du médicament.

Avec le témoignage de Maryne Cotty-Eslous, fondatrice et dirigeante de Lucine, une jeune entreprise innovante du domaine des thérapies digitales qui travaille sur la douleur chronique.

Nous recevons également Livia Darmon, chargée de mission numérique et données de santé au LEEM, Les Entreprises du Médicament.